LEONCE R. AGBODJELOU
DIVINITÉS MASQUÉES
La vie de l’artiste s’entremêle avec celle des masques vodun béninois qu’il photographie. Sous le viseur de Léonce, les masques Zangbeto et Egungun prennent vie eux aussi.
Le Zangbeto et le Egungun sont enracinés dans le sud du Bénin, en particulier dans la ville de Porto-Novo. Le Zangbeto est une société secrète de chasseur, il est le gardien des nuits de la cité, de sa sécurité physique et morale. Il traque les voleurs, les mauvais esprits et les sorciers. Les Egungun ou Revenants sont des ancêtres défunts, qui reviennent sous des masques se rappeler au souvenir des vivants.
Zangbeto et Egungun manifestent leur présence dans des danses rituelles connues dans tout le golfe de Guinée.
Sachant que Léonce est né, a grandi et travaille à Porto-Novo, il semblerait logique que sa démarche artistique tourne autour de ces deux traditions. Pourtant sa démarche est plus complexe. Ce n’est qu’à l’aube de ses quarante ans, après plusieurs dizaines d’années de travail qu’il va se faire initier et devient du même coup autorisé à prendre des photos des mystères vodun.
La danse du Zangbeto est l’un des secrets les mieux gardés par ses pratiquants, pourtant le photographe parvient à donner au masque du danseur dont il fait le portrait un mouvement véritable.
Quant au vêtement qui pare le revenant, il en impose par sa riche composition. Et sous les projecteurs, l’habit tissé de lumière et d’ombre raconte une traversée des mondes invisibles. Dans chaque photo de Léonce, se trouve une part de lui, de sa vie et de l’universel dont il témoigne, l’exposition est une invitation à entrevoir le secret d’une histoire personnelle et communautaire.
KOMLAN DANIEL AGBENONWOSSI